SÉNÉGAL
«La Caisse de sécurité sociale, symbole de mauvaise gouvernance», selon l’Intersyndicale des travailleurs
La gestion faite de la Caisse de sécurité sociale (Css) par la Direction générale dirigée depuis 2012 par Assane Soumaré est fortement décriée. Dans une Déclaration intitulée : «Notre institution est devenue un symbole de mauvaise gouvernance», rendue publique, hier, le collège des délégués de l’Intersyndicale des travailleurs soulève une batterie de griefs qui entache le fonctionnement de la boîte. Mahmoud Niang, Secrétaire général de la section Cnts/Css et ses camarades dénoncent avec véhémence une «gestion clanique» des ressources humaines détériorant ainsi le climat social. «Un pilotage à vue, népotisme, clientélisme, les compétences reléguées au second plan au profit de la soumission, «coumba am ndéye ak coumba amoul ndéye» (politique du deux poids, deux mesures), absence de Drh depuis plus de 4 ans, intimidation de délégués, absence de système d’évaluation et d’organigramme clair, détérioration exponentielle du climat social, agressions physiques d’un travailleur par une autorité de l’institution, gel de postes au profit de leurs soumis. Tous ceux qui ne peuvent pas servir de faire-valoir sont systématiquement écartés de la gouvernance de l’institution», récriminent-ils.
Le collège des délégués de l’Intersyndicale des travailleurs de la Css dénonce en sus une «gabegie totale» dans la gestion du patrimoine de la caisse. «De 52 milliards Fcfa au départ de l’ancien Dg Yéri Diop, les réserves de l’institution sont quasi inexistantes aujourd’hui. Les ressources aussi bien financières et matérielles de l’institution sont mobilisées à l’occasion d’activités privées. En effet, les véhicules de l’institution sont réquisitionnés, des ordres de missions émises pour des activités qui n’ont rien à voir avec les missions de la Caisse. Par rapport aux marchés de l’institution, l’entente directe est érigée en règle, l’appel d’offre est devenu l’exception»,soutiennent Mahmoud Niang et ses camarades syndicalistes.
L’Ofnac saisi pour élucider les «coûts pharaoniques» des projets de la Css
Et ce n’est pas, car ils pointent égalementune «gestion nébuleuse» des projets de l’institution. «Augmentation exponentielle du coût des projets sans résultats probants, des projets en déphasage avec les intérêts viables de l’institution et sans aucune étude préalable de faisabilité et de rentabilité. Exemple : Le projet immobilier dont les coûts initiaux sont passés de 10 milliards à 14 milliards traduit une mauvaise gestion du patrimoine de l’institution. Les logements sociaux de Bambilor mal construits seraient revendus au même promoteur sans appel d’offre. Ce dernier traine des casseroles partout où il est passé, alors que des travailleurs étaient disposés à en acheter. Plus grave encore, des terrains nus lui ont été cédés dans une opacité totale ; ce qui constitue un détournement d’objectif»,affirment-ils.
En outre, s’agissant du projet du système d’information, l’Intersyndicale dénonce le «coût pharaonique» du projet prévu au départ pour 6 milliards Fcfa en 2016 et qui aujourd’hui passe à plus de 14 milliards Fcfa. «Et plus grave, signale-t-elle, son opérationnalité est incertaine».«Ce qui pourrait être assimilé à de l’amateurisme. Notre système actuel est bien fonctionnel, on aurait besoin de moins de 200 millions Fcfa pour une meilleure performance. Sur ces deux points, l’Intersyndicale se réserve le droit de saisir l’Ofnac (Office national de lutte contre la fraude et la corruption) pour qu’une enquête approfondie soit faite pour situer les responsabilités», annoncent Mahmoud Niang et ses camarades syndicalistes.
A la lumière de ce qui précède, le collège des délégués de l’Intersyndicale des travailleurs de la Css exige une gestion transparente de l’institution, un audit des projets immobiliers et du système d’information, et de la boîte ces 5 dernières années par l’Inspection générale d’Etat (Ige). De plus, les représentants syndicaux des travailleurs réclament une présentation exhaustive de la gestion des réserves de l’institution, une gestion viable et optimale des ressources de l’institution et une gestion des ressources humaines dans l’équité et la justice sociales, sous le sceau d’une collaboration «franche et sincère» avec les partenaires sociaux. Tenant d’abord à informer l’opinion sur la situation actuelle qui sévit au sein de cette entreprise nationale, le collège des délégués de l’Intersyndicale des travailleurs de la Css promet de revenir aux travailleurs dans les plus brefs délais pour des actions futures à entreprendre si rien n’est fait pour changer la donne.
Abdoulaye SIDY
Commentaires
Enregistrer un commentaire