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BOUILLONS, CAUSES DE MALADIES À SOINS COÛTEUX

Un industriel botte en touche et exige des preuves factuelles

Mois de la consommation, le Ramadan est saisi par les autorités sanitaires pour alerter sur le danger de tomber malade en mangeant trop gras, trop sucré et trop salé. Des médecins spécialistes vont plus loin en enjoignant aux cuisinières de bannir les bouillons culinaires dans les plats.  Mais pour un industriel de la place, cette prescription ne repose sur rien.   

Cardiologues, néphrologues, diabétologues, sexologues etc sont unanimes contre l'utilisation des bouillons culinaires bien connus des femmes sénégalaises. Ces produits, selon ces spécialistes de la médecine, contribueraient grandement à l'émergence de maladies telles que l'hypertension, le diabète, l'insuffisance rénale, les maladies du cœur et des vaisseaux sanguins, les troubles érectiles... Ce, à cause de leur forte teneur en sel consommée à longueur de journée.
Des allégations à charge que Nestlé Sénégal, en ce qui le concerne, dégage en touche. Mieux, l'industriel demande aux spécialistes de la santé d'apporter la preuve de leur accusation. Car pour Mame Pane Sakho, son responsable des affaires réglementaires, de la communication institutionnelle et des affaires publiques, «il n'a jamais été prouvé par une étude sérieuse que les bouillons incriminés portent réellement atteinte à la santé du consommateur s’ils sont utilisés tel que recommandé par le fabricant». Elle rappelle la quantité conseillée qui est de «deux tablettes bouillons pour un plat de six personnes». «Non, ce sont des allégations sans fondement», objecte notre interlocutrice d’après qui la cause des maladies dites du siècle est quelque part dans les habitudes alimentaires des consommateurs. «On aime manger très salé, très gras, très sucré. On aime manger des plats très riches et très lourds et on va dormir. On ne fait pas d'exercices physiques de sorte à dépenser autant d’énergies consommées. Tout est stocké dans notre organisme. C'est un mixte d'attitudes qui font que certaines maladies se sont développées au Sénégal», fait-elle remarquer pour s’en désoler. Mieux, elle insiste sur le caractère nuisible de tout excès. «Si vous dépouillez le panier de la ménagère, vous trouvez toute sorte de bouillons. Or, dans le sel, c'est le sodium qui, en excès, cause du tort à la santé», relève Mme Sakho. 
Quid des exploits prêtés à ces produits hors de leur cadre de consommation ? Elle répond : «Autant  on dit que des bouillons servent à déboucher des toilettes ou donner plus d'éclat aux marmites noircies par le bois de chauffe, autant il faut admettre que le citron également consommé est utilisé pour faire briller les bijoux en argent, ou que le jus de bissap très prisé par les Sénégalais aspergé sur la tôle en zinc la détruit en un temps record».
Pour lutter contre la consommation abusive du sel en cuisine, l’industriel a mis sur le marché des produits aux effets préventifs sur la santé. «On a lancé deux grandes initiatives mondiale visant l'amélioration du profil nutritionniste de nos produits. La première consiste à la réduction de la teneur en sel. Le Sénégal a sorti une réglementation en 2017 demandant à ce que la teneur maximale en sel soit de 55% dans les bouillons.  En janvier 2017, on a été le premier industriel à être visité par le ministre du Commerce et un groupe de parlementaire pour se rendre compte de l'application de cette norme. Actuellement, nos recettes tournent entre 48 et 52%, soit en deçà de la norme nationale. Et à l'horizon 2020, on a un objectif de réduire cette teneur en sel de 22% dans nos bouillons», assure Mme Sakho. Qui plus est, elle fait état depuis 2013 de la deuxième initiative de fortification des produits avec des bouillons enrichis en fer pour lutter contre l'anémie qui pâlit en moyenne 7 femmes enceintes sur 10 au Sénégal.
Abdoulaye SIDY


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