1ÈRE RENCONTRE ORDINALE BOYCOTTÉE PAR LE GOUVERNEMENT
La grosse colère de l’Ordre des médecins du Sénégal
L’Ordre national des médecins du Sénégal est très remonté contre le Gouvernement, particulièrement son ministre en charge de la Santé qui a décliné, sans motif avancé, son invitation à la première rencontre ordinale ce samedi à Dakar. Un mépris dont se désolent les blouses blanches qui s’estiment mieux traitées ailleurs en Afrique que chez elles.
L’Ordre national des médecins du Sénégal est dans tous ses états après le boycott par les pouvoirs publics de sa première rencontre ordinale tenue samedi à la maison de la presse à Dakar. Le ministre de la Santé et de l’Action sociale, à qui le carton d’invitation a été «officiellement» adressé, n’a pas daigné rehausser de sa présence cet évènement consacré à la «validation des prés projets de textes de la loi organique de l'Ordre et celle portant sur l'exercice de la médecine au Sénégal». Pis, Abdoulaye Diouf Sarr n’a pas jugé bon de se faire représenter à ce rendez-vous des professionnels de la santé qui sont ses premiers collaborateurs ou même présenter ses excuses pour empêchement quelconque. Rien de tout ce que recommande la politesse ou la courtoisie.
Une indifférence de la part du Gouvernement qui ne laisse pas indifférents les médecins qui invoquent un manque de respect et de considération des pouvoirs publics à leur égard. «Comme je vous l'ai dit, on a envoyé des invitations aux autorités notamment au ministre en charge de la Santé. Mais hélas, on n'a pas reçu de réponse», déclare peiné Dr Joseph Mendy, Secrétaire général de l’Ordre des médecins du Sénégal. Aujourd’hui, l’attitude des autorités sénégalaises ne donne qu’une envie à l’ordre, celle de battre en brèche l’adage qui dit qu’«On n’est jamais mieux que chez soi». «C'est un cri de cœur parce que quand on nous sollicite dans la sous-région pour faire la formation par rapport à la santé et à l'administration de l'ordre, à l'éthique, quand on y va souvent dans les grandes manifestations, c'est le président de la République, lui-même, qui vient nous inviter à prendre un pot. Au Sénégal, on ne peut même pas parler au ministre. C'est vraiment regrettable», fulmine Dr Mendy.
Le Secrétaire général de l’Ordre qui n’en finit pas de décharger sa bile de renchérir : «C'est dommage et même regrettable que le Sénégal dispose des compétences avérées formées à la Facultés de médecine de l'Ucad, qui sert d'exemple à toute la sous-région ouest africaine et que les pouvoirs publics, qui devraient en principe s'appuyer sur ces connaissances pour améliorer le système de santé au Sénégal, ne le fassent pas. C'est dommage que cette relation entre les ordres de professions médicales de façon générale et les pouvoirs publics ne soit pas encore huilée». Même s’il admet que beaucoup d'efforts ont été faits, Dr Mendy soutient qu’il en reste autant à faire encore. «Il suffit, aujourd’hui, d'avoir un malade à l'hôpital pour s'en rendre compte», fait observer le médecin.
L'Ordre a, par ailleurs, déploré la grâce présidentielle accordée à un trafiquant de faux médicaments qui mettent en péril la vie des citoyens sénégalais. «C'est regrettable que des criminels soient libérés comme cela. Cette grâce est contraire à la volonté du chef de l’Etat de lutter sans merci contre les médicaments de la rue», proteste Dr Mendy pour qui, tout ceci relève d’un manque de concertation des pouvoirs publics avec l'ensemble des ordres de profession médicale. «Les ordres sont les compétences les plus avérées, si on les ignore, on arrive évidemment à faire ce genre d’erreurs», prévient Dr Mendy.
A noter que les changements qui vont être opérés si les membres du conseil de l’Ordre tombent d’accord sur les prés projets de textes de loi, l’instance chargée de veiller à la bonne pratique médicale ne sera plus concentrée à Dakar. A partir de ce moment, il y aura dans chacune des régions un conseil régional de l'ordre qui sera chargé de veiller au respect des conditions d'exercice de la médecine telles que décrites par le code de déontologie.
Abdoulaye SIDY
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