ACCEPTATION DU VACCIN CONTRE LE CANCER DU COL
Des résultats inespérés obtenus à Touba
Malgré les rumeurs persistantes qui barrent la route au vaccin contre le cancer du col de l’utérus un peu partout au Sénégal, Touba a pu obtenir en deux mois une couverture vaccinale «satisfaisante». Depuis mars dernier, quelques 700 filles de 9 ans se sont faites administrer l’antigène, un après son introduction dans le Programme élargi de vaccination (Pev) en mars 2018. La semaine africaine de la vaccination en cours donne l’occasion de faire incursion dans la cité religieuse pour s’enquérir des performations de la lutte contre ce cancer féminin.
Dans les tendres bras de sa jeune maman, bébé Maïmouna reçoit à la cuisse gauche l'injection de la seconde dose du vaccin contre la rougeole et la rubéole, en cette matinée de mardi 23 avril au centre de santé Keur Niang de Touba. Elle n'a que 15 mois, mais déjà sa mère, Sokhna Khadija Dieng songe à lui faire bénéficier de l'antigène (Papillomavirus Humain-Hpv) contre le cancer du col de l'utérus quand elle aura atteint l'âge de 9 ans. Ce vaccin a été introduit dans le Programme élargi de vaccination (Pev) en mars 2018. «J'entends de plus en plus parler de ce cancer féminin qui affecte beaucoup de femmes et je n'aimerai pas que ma fille en souffre à l'âge adulte», confie la mère comptée parmi la vingtaine de femmes qui font en moyenne immuniser leurs enfants chaque jour dans la structure, selon l'estimation donnée par l'Icp Mamadou Fall.
Contre toute attente, le vaccin contre le cancer du col administré aux filles de 9 à 13 ans dont la campagne a démarré depuis mars dernier à Touba est bien accepté dans la cité religieuse.
700 filles déjà vaccinées à Touba
«Le début était timide, mais la tendance est bonne. On a déjà vacciné près de 700 filles de 9 ans contre le cancer du col de l'utérus», indique Dr Mbacké Sylla, Médecin-chef adjoint du district de Touba.Des résultats inespérés, néanmoins réalisés malgré le poids des préjugés qui escortent son introduction au Sénégal.
Pour parvenir à ce niveau de recrutement «satisfaisant» des filles à Touba, le district a dû recevoir des orientations de la Direction de la Prévention concernant le vaccin et l'équipe cadre, les sages-femmes, les infirmiers chefs de postes (Icp) être formés à la tache en février dernier. Avant qu'une centaine de relais à l'échelle de Touba ne soit à son tour capacités pour la sensibilisation des communautés. «Pratiquement, tous les postes ont démarré les activités de vaccination contre le Hpv. Environ, 23 sur 28 postes de santé», assure Dr Sylla qui fait état de quelques craintes nourries au départ. «On a été agréablement surpris parce qu'il y a des postes qui sont à un taux de recrutement très satisfaisants. Il n'y a plus de craintes à ce sujet. Le message est bien perçu et on note l'adhésion de la population. On va continuer à administrer la première dose du vaccin à d'autres jeunes filles», explique le médecin, optimiste quant à la couverture vaccinale de 90 % de la cible souhaitée.
40% des filles ciblées immunisées à Diourbel
Au-delà de Touba, la région médicale de Diourbel n’est pas en reste, malgré le retard accusé dans le démarrage de la campagne contre le cancer du col à cause de la grève des travailleurs de l’Alliance «And Gueusseum». Selon Mame Bousso Amar, responsable du Bureau régional de l’information et de l’éducation pour la santé, 40% de la cible à Diourbel ont été vaccinés depuis début avril courant. Mme Amar se dit à moitié satisfaite de ce taux compte tenu de la nuptialité précoce notée dans la région en dépit des campagnes de sensibilisation et causeries assurées par le relais communautaire. Or, fait-elle remarquer, les femmes sexuellement actives sont celles-là qui sont susceptibles de développer le cancer utérin.
L’approbation du Khalife
La particularité du vaccin Hpv est qu'on lui prête des objectifs autres que ceux de protéger les futures mamans contre le cancer du col de l'utérus qui fait des ravages au Sénégal comme partout dans le monde. On dit de ce sérum administré aux filles qu'il est responsable de leur infertilité; une politique occidentale qui viserait la réduction de la population dans le monde, particulièrement en Afrique.
Mais le superviseur du Programme élargi de vaccination (Pev) dans la ville sainte objecte cette thèse et parle de rumeurs alimentées dans les réseaux sociaux. «Si vous allez sur le terrain, les femmes ne l'ont pas dit, les religieux aussi ne l'ont pas dit. On craignait ces rumeurs, mais on s'est rendu compte que les gens n'en ont pas tenu compte», se réjouit Mamadou Sène.
Se montrant plus convainquant, l'Icp Mamadou Fall dit ne s'attendre à aucune réticence des parents ou de la communauté et avoue que les autorités médicales locales ont pris langue avec les personnalités religieuses dont le Khalife général des mourides en personne qui a bénit l'initiative de faire vacciner les filles contre le virus responsable de cette tumeur. Cette forme de cancer touche environ 1200 femmes chaque année au Sénégal.
Le défi de l’enrôlement des enseignants
Le défi que les autorités médicales de la région de Diourbel veulent surmonter reste l'enrôlement du corps enseignant puisque «la plupart de la cible se trouve dans les écoles franco-arabes et françaises pour une large couverture vaccinale». Une nouvelle stratégie qui viendra s’ajouter à celles déjà déroulées sur le terrain.«Il s’agit de la stratégie fixe pour les enfants qui vivent à moins de 5 Km du centre de vaccination. Il y a aussi la stratégie fixe avancée pour les zones de forte densité où l’équipe de vaccination est appelée à aller vers la cible. Parfois, nous faisons jusqu’à sept sorties par mois pour permettre aux enfants de se faire vacciner à temps. Et puis, il y a la stratégie mobile pour les filles qui habitent à 9 Km et plus où l’équipe se rend chaque mois pour faire la vaccination», renseigne l’Icp Mamadou Fall.
Abdoulaye SIDY
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