ÉRADICATION DE LA MENDICITÉ DES ENFANTS AU SÉNÉGAL
Les députés invités à voter le projet de loi sur le statut des daaras
Pour combattre la mendicité des enfants talibés au Sénégal, l’Assemblée nationale est invitée à adopter le projet de loi portant statut des daaras.
La mendicité des enfants talibés est un phénomène têtu que même la puissance publique semble ne pas être en mesure d’éradiquer. Le 1er juillet 2016, le président Macky Sall him-self annonçait sur Twitter avoir «ordonné le retrait d’urgence des enfants des rues», au nom de la «protection des droits des enfants». Il soulignait alors que «l’État prévoit amendes et peines de prison pour ceux mettant leurs enfants dans la rue». Résultats : il subsiste encore un écart entre l’acte et la parole donnée du président. Visiblement, le programme national visant à retirer les enfants des rues lancé en 2016 n’a presque rien changé au nombre alarmant de jeunes talibés qui sont tous les jours victimes d'exploitation, d'abus et de négligence. On est encore frappé par cette vision épouvantable de petites bandes de mômes dont certains sont âgés d’à peine 5 ans, déambulant dans leurs habits dépenaillés avec leur sébile sous le bras dans les centres urbains du pays. Qui plus est, depuis son adoption en juin 2018 par le Gouvernement, le projet de loi sur le statut des daaras tarde à être voté par les députés. Une lenteur préjudiciable au droit à l’éducation des dizaines de milliers d’enfants talibés. En 2016, le Sénégal comptait 150 mille enfants-mendiants dont 60 mille sont installés à Dakar, selon une enquête de l’Association «Lumière pour l’enfance» de Coumba Gazlo Seck. Mais les chiffres varient d’année en année et semblent aller crescendo.
Devant ce constat d’échec, les députés sont invités à se faire violence pour mettre fin à la mendicité forcée des enfants talibés et d'accélérer l’adoption du projet de loi portant statut des daaras.Le coordonnateur national de l’Ong ‘’Terre des hommes Suisse’’, Khadim Dieng, a appelé samedi à Diourbel, l’Assemblée nationale à voter le projet de loi portant statut des daaras (écoles coraniques (), adopté en juin 2018 par le gouvernement, pour assainir le secteur et éradiquer la mendicité des enfants. «Nous espérons que le projet de loi va passer très bientôt à l’Assemblée nationale», a-t-il dit au cours de la célébration de la journée nationale du talibé au Sénégal, à Diourbel, sur le thème : «Modernisation des daaras et droits des talibés». L’Etat du Sénégal souhaite à travers ce projet, arriver à «une meilleure organisation et structuration des daaras», a ajouté M. Dieng cité par l’Agence de presse sénégalaise. Il souligne qu’il permettra d’«assainir le milieu pour pouvoir identifier les daaras qui profitent des enfants».
Ce que prévoit le projet de loi
Un projet de loi portant statut des «daara» a été élaboré en février 2014 par les autorités étatiques du Sénégal pour «relever le taux de scolarisation en ouvrant le système éducatif à des centaines de milliers d’enfants qui en sont exclus», explique l’exposé des motifs. Le projet prévoit entre autres mesures une scolarisation des élèves selon les trois étapes. D’abord une première étape de trois ans, consacrée à la mémorisation du Coran, ensuite une deuxième étape de deux ans, alliant mémorisation du Coran et programme des classes de Cours d’initiation (CI), de Cours préparatoire (CP) et de Cours élémentaire - première année (CE1). Il y a enfin une troisième étape de trois ans, réservée aux programmes des classes de Cours élémentaire deuxième année (CE2), de Cours moyen première année (CM1) et de Cours moyen deuxième année (CM2). Il est également prévu une certification de l’apprentissage du Coran par un inspecteur d’académie.
Abdoulaye SIDY
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