PLANIFICATION FAMILIALE A
NGUENIENE
Refus des hommes, radicalisation des
femmes
La
Division de la santé de la reproduction (Dsr) gagnerait beaucoup à multiplier
les actions de sensibilisation sur les bienfaits de la planification familiale qui
est loin d’être la préoccupation des hommes à Nguéniène. Certaines femmes
excédées par les naissances trop rapprochées vont même jusqu’à opter pour la
méthode radicale de contraception.
La planification familiale
n’est pas du goût des hommes à Nguéniène où
beaucoup des femmes sont ainsi obligées d’être sous méthode
contraceptive à l’insu de leurs maris. «J’ai
tout récemment discuté avec une malade qui est à sa huitième grossesse en dix
ans de mariage. Mais, son mari ne veut pas entendre parler de la planification
familiale», se désole Nabou Tall Diongue, sage-femme au poste de santé de
Nguéniène. A l’en croire, le refus des hommes d’adhérer à la planification
familiale est à l’origine de douleurs atroces dont souffrent les femmes de la
localité. Une réalité bien triste dans la zone qui pousse certaines à recourir
à la méthode radicale de contraception pour rester en vie. «J’ai également reçu une femme qui a accouché treize fois en moins de
quinze ans d’union. Maintenant, elle n’en veut plus, elle opte pour la ligature
des trompes pour rester en vie et pouvoir s’occuper de ses enfants», confie
Mme Diongue. Elle indique dans la foulée avoir enregistré le mercredi 3 juillet
dernier six nouveaux carnets de visite dont les propriétaires ne veulent pas que
leurs maris sachent qu’elles font la planification familiale. «Quand
vous voyez une femme qui, à 35 ans, fait onze grossesses dont neuf enfants
vivants, cela veut dire qu’elle en a perdu deux. Cette femme risque de mourir
si elle contracte une douzième grossesse, parce que toutes les conditions sont
réunies pour faire une grossesse compliquée. A cette femme, il faut donner la
chance de survivre et de s’occuper de sa famille, parce que quand elle meurt,
ces neuf orphelins qu’elle laisse derrière sont toute une famille qui en
pâtit», renchérit le médecin chef du district de Joal Dr Joseph Barboza qui
se fonde sur un cas réel noté dans la zone. Pourtant, dira-t-il, il reste
indéniable qu’il y a un lien entre l’amélioration de la prévalence
contraceptive et la lutte contre la mortalité maternelle. «Vous avez beaucoup plus de femmes pour lesquelles les naissances sont
espacées ; cela permet de réduire de façon drastique le nombre de femmes
qui meurent à l’accouchement. Elles peuvent s’adonner à d’autres activités
génératrices de revenus pour le bien de la famille», souligne Dr
Barboza.
Cet atout que le médecin-chef
du district de Joal met en exergue semble être bien compris par les femmes en
union à Nguéniène, puisque 300 parmi elles sont sous la méthode jader et 299 sous depo provera, indique Nabou Tall Diongue, sage-femme au poste de
santé de Nguéniène.
Zéro
naissance à Fadiouth depuis avril
Contrairement à Nguéniène, la
planification ne gène pas les hommes à Fadiouth où les femmes font de moins en
moins des naissances rapprochées. «Presque
toutes les femmes en union ou célibataires dont la tranche d’âge est comprise
entre 19 et 45 ans sont sous méthode de planification familiale. La preuve,
c’est que depuis le mois d’avril 2013, on n’a pas enregistré d’accouchement,
alors qu’auparavant, la structure enregistrait en moyenne 5 naissances par
mois», révèle Mame Fatou Faye Ndiaye, infirmière-chef de poste de santé à
Fadiouth. Sur cette île, confie-t-elle, on note une à deux femmes qui laissent
leurs carnets de visite au niveau de la structure sanitaire.
Abdoulaye
SIDY
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