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TÉMOIGNAGE

Abdourahmane CAMARA, La Figure Absolue Du Professionnalisme (Par Mademba NDIAYE)

Cette photo de notre dixième promotion pour se souvenir
Triste nouvelle avec le décès de mon ami le journaliste El Hadj Abdourahmane CAMARA de Wal Fadjri. La figure absolue du professionnalisme, de l’humilité et de la fidélité dans la profession. Y a-t-il eu dans le monde un journal, mis sur le marché et retiré moins de 2 heures après et détruit simplement parce qu’il y avait une fausse information? Eh bien nous l’avons fait à Walf en 1989 sous l’impulsion d’Abdourahmane CAMARA ! Intégriste de la déontologie!
La méticulosité et l’intransigeance d’Abdourahmane sur le respect des principes déontologiques sont légendaires. Aucun compromis sur l’éthique.
Avec Tidiane KASSE nous étions le trio de journalistes de la même 10e promo du CESTI autour de Sidy Lamine NIASSE pour commencer l’aventure professionnelle de Wal Fadjri dans la Medina, travaillant sous les bougies parfois et martyrisant Babacar pour saisir les textes sur machine à écrire car évidemment ordinateur il n’y avait point. Une année après avoir travaillé ensemble du début à la fin de Takussan de Me Abdoulaye WADE.
Aujourd’hui, même en lui rendant hommage, il faut s’excuser auprès de lui car de sa vie il n’a jamais voulu être sous la lumière alors que sans lui, il n’y aurait pas eu de Walf, ni FM ni TV ! Dans sa soif de pérenniser Wal Fadjri, Sidy Lamine a réussi à en faire le père professionnel de Tidiane pour poursuivre l’aventure mais voilà 1 an et 11 jours après lui, Allah rappelle Abdourahmane à lui. Qu’Allah le couvre de sa Miséricorde et lui ouvre Son Paradis.

Mademba NDIAYE



«La Dernière Fois Que J’ai Vu Camou…» (Par Yaya SAKHO)


On a perdu un doyen exceptionnel par son humilité, son sens de la mesure, son professionnalisme, son abnégation, son don de soi, sa loyauté et sa fidélité aux hommes et à la profession. 
La dernière fois que j’ai vu Abdourahmane Camara, c’était au mois d’octobre à la mosquée de Walf lors de la prière de Takusaan. J’étais venu conduire l’équipe de Ndèye Fatou Ndiaye à Thiès pour l’enregistrement de  Sortie avec mon ami et frère Ndiaga Diaw. Comme d’habitude, on a sympathisé devant l’homme de Dieu Oustaz Assane Diouf. Abdou-Rahmane (l’esclave du Misericordieux), le bien nommé, avait un regard bienveillant sur tout le monde à travers son visage avenant et son éternel sourire accueillant et rassurant. Jamais de condescendance, de suffisance encore moins d’arrogance alors que le monstre sacré de la Presse qu’il fut était vénéré et quasi idolâtré par des générations entières de confrères. Il a été, comme qui dirait loyal et fidèle à feu Doyen Sidy Lamine Niasse jusqu’à la mort : 1 an jour pour jour ! Quelles destinées liées ! Puissent-ils se retrouver et cheminer dans les luxueux jardins de Firdawsi et de Là-Haut, admirer avec fierté et satisfaction le magnifique legs, laissé à la postérité. Paix à son âme. Mes pensées vont naturellement à ses compagnons Tidiane Kassé, Jean Meissa Diop, Mademba Ndiaye et surtout à sa famille biologique. Mission largement accomplie et chapeau Doyen. Adieu !!!


Yaya SAKHO, 
Journaliste,
ancien conseiller du Président Wade


L’ami Fidèle Et Discret Rejoint Sidy Au Ciel (Mademba Ramata DIA)


La nouvelle est tombée raide comme un couperet : le journaliste Abdourahmane Camara n’est plus de ce monde. Il a rejoint Sidy Lamine Niass avec qui il a cheminé pendant plusieurs décennies. 
Que d’épreuves, que d’obstacles surmontés par les deux hommes dans le combat pour la démocratie et la liberté de presse. Des balbutiements de l’hebdomadaire WalFadjri à la création du Groupe, Abdourahmane Camara était toujours là, souriant, respirant la sérénité dans les moments les plus difficiles. Leur amitié a survécu aux aléas de la vie. Ils avaient juré que seule la mort les séparerait. Cela s’est produit. Fait remarquable : Sidy Lamine Niass et Abdourahmane Camara ont disparu le même mois. Le premier nommé est décédé le 4 décembre 2018 et le second le 14 décembre 2019 : tout juste un an et dix jours. Que retenir de Abdourahmane Camara ? Persévérant, méticuleux, discret… Camou avait toutes les qualités pour être un excellent journaliste de la presse écrite. Sans oublier l’esprit critique et la solide culture générale qui le caractérisaient. Il incarnait l’archétype achevé de cette espèce rare dans la presse. Il symbolisait aussi la fidélité. Ceux de ma génération l’appelaient «Grand Camou». Le proche d’entre les proches collaborateurs de Sidy Lamine Niass n’avait jamais eu la grosse tête, contrairement à tant d’autres officiant dans des organes de presse moins prestigieux.
La presse sénégalaise vient de perdre une valeur sûre qui a été de tous les combats d’avant-garde de ce pays au côté de son ami feu Sidy Lamine Niasse. «Grand Camou», tu nous manqueras toujours. En ces moments où l’émotion nous étreint devant notre clavier, il ne nous reste qu’une seule chose. Laquelle ? Demander aux hommes purs dans la solitude et la nuit de ce dimanche, de vous accompagner par leurs prières afin que le Paradis Céleste soit votre demeure éternelle. Qu’Allah veille sur votre famille.  A…Dieu «Grand Camou».

Mademba Ramata DIA
Journaliste et analyste politique


Je Salue Le Maître Es-Journalisme Des Faits (Abou Abel THIAM)

 

 

Puisse ce texte d’hommage que je suis appelé à écrire, le cœur lourd de tristesse, ne pas comporter de coquille, encore moins de faute grammaticale.

Son contenu devra refléter fidèlement des faits. Autrement, ce serait d’une ironie de mauvais goût, car le Professeur de journalisme que le Sénégal vient de perdre était à cheval sur les règles d’écriture et de déontologie.
Notre pays doit son évolution démocratique à l’action de générations d’hommes politiques et de syndicalistes, mais aussi à sa presse libre et indépendante. Pendant plus de trente ans, Abdourahmane Camara, officiant à WalFadjri, de façon ininterrompue, aura joué un rôle éminent, dans la production d’articles et la formation continue des journalistes.
Camou ne se singularisait pas par des articles de prise de position définitive ou des éditoriaux comminatoires. Stakhanoviste du journalisme, fidèle jusqu’à sa mort à Sidy Lamine Niass et son groupe de presse, il était obsédé par le sérieux et la justesse du fond, la qualité de l’écriture pour le rendu. En Camou, Walf et le journalisme sénégalais viennent de perdre une vigie de l’orthodoxie ! Un grand journaliste des faits !
Un article au contenu sérieux – un scoop de préférence – aux sources recoupées, d’intérêt manifeste et bien écrit, voilà ce qui motivait Camou. Le mot juste : dans l’art de dépouiller un article de scories, d’inutiles éléments servant tout au plus à alourdir un texte, Abdourahmane était inégalable.
En parlant de Camou, me reviennent en mémoire les épiques batailles syndicales du début des années 1990, les événements post-électoraux de 1993, le procès des assassins de Me Babacar Sèye, juge au Conseil constitutionnel, les arrestations, fuites et procès de la bande d’agresseurs du nom de Alex et Ino, les grandes affaires de drogue, mais aussi les sujets de reportage dits de société, sur le Sida, les femmes, l’école, les difficultés du monde rural dans les périodes de soudure, le suivi des affres de l’irrédentisme en région sud à travers les coups  du Mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc)…Que de sujets traités à Walf, un navire amiral de la presse dans les luttes pour une information juste ! Le journal est resté sur la ligne de crête grâce, notamment à des capitaines comme Abdourahmane Camara.
L’élection présidentielle de février-mars 2000 a vu le candidat Abdoulaye Wade contraindre le président Abdou Diouf à un deuxième tour, et le battre ensuite. En cette occurrence-là, la première alternance à la tête du pouvoir au Sénégal, Walf aura joué un très grand rôle, sans jamais se départir de sa fonction. Ce fut un moment d’histoire pour le pays, mais aussi un chapitre lumineux d’apprentissage pour ceux qui ont eu le privilège de le vivre dans ce groupe de presse. La silhouette longiligne de Camou, discrète dans les allées et couloirs, sauf pour réclamer son verre de thé, se singularisait par la solidité et la rigueur intellectuelles avec lesquelles il tenait la barre du navire derrière son ordinateur.
En toute discrétion, frisant la timidité, il aura bâti sa vie autour de trois pôles : le domicile, la rédaction et la mosquée.
La presse et la démocratie sénégalaise doivent beaucoup à Abdourahmane Camara. Personnellement, Camou m’aura beaucoup appris, et marqué dans ma formation, jamais aboutie, de journaliste.
Lorsque je reçus l’appel de Seyni Diop, un de nos cadets de Walf, me demandant, la voix enrouée, un hommage à Camou, j’étais avec Ousseynou Guèye, autre figure de l’aventure de ce qui a été le groupe de Sacré Cœur avant  Khar Yalla. Ecrire un hommage à Camou ! Dieu, que la vie est courte, que de vaines choses la remplissent !
Je prie, avec moi ses proches et tous ceux qu’il a formés, pour que la terre de Saint-Louis où nous le raccompagnerons mercredi soit légère à Abdourhamane. Qu’Allah lui réserve le meilleur du paradis et préserve sa famille, sa dévouée épouse Tabara, et ses enfants.
Chers cadets Ibrahima Anne et Seyni Diop, il vous revient de me relire, pour que cet article, à sa parution, ne comporte pas de coquilles qui auraient fait réagir celui qui vient d’être arraché à notre affection.



Chapeau bas, Grand Camou.
Abou Abel THIAM


Loyal, Fidèle, Pieux, Magnanime… : Camou Était Un Homme Bon !


Il est de ces qualités, divines du reste, que Le Créateur n’accorde qu’à ceux qu’Il a choisis. Par Sa Grâce, Abdourahmane Camara dit Camou fait partie de ces privilégiés.

Il est difficile de résumer Camou en quelques caractères, contraintes de pagination obligent. Mais, il est tout aussi impossible de passer sous silence seize années d’une collaboration soutenue avec l’homme. L’on voudra bien m’excuser que, au fil de ce texte, je l’appelle Camou alors que nos rapports professionnels et les «codes» de la vie tout court auraient voulu que je l’eusse appelé autrement. Parce que c’est comme cela que nous l’avions appelé sa vie durant sans que lui le ressente comme une offense. Tout comme le défunt Pdg de Walf, on l’a toujours appelé Sidy à la place d’un très protocolaire «Monsieur Niasse». Que l’on veuille donc bien m’excuser cette infraction à la règle.
Alors que la volonté divine a fini de se faire, je peux résumer la vie de Camou en quatre mots : fidélité, loyauté, piété et magnanimité.
Fidèle, Camou l’a été jusqu’à son dernier souffle. Depuis qu’il a mis les pieds à Walf, il n’est jamais allé voir ailleurs. Et les occurrences ne manquaient pourtant pas. Au fil de discussions comme il aimait en animer, il lui arrivait de glisser des confidences sur quelque proposition à occuper la direction de tel ou tel organe, d’Etat ou du privé. Mais, il réussissait toujours à repousser gentiment les avances des «sergents recruteurs». Camou a aussi été fidèle au journalisme. «Boy, moi, je ne suis pas formé pour la communication. Le métier que l’on m’a enseigné au Cesti s’appelle journalisme. Et c’est ce que je sais faire», nous disait-il quand on le chambrait sur la nécessité pour lui de tenter l’aventure au niveau des Ong.
Loyal. Camou n’a jamais été pris en défaut de loyauté, notamment avec Sidy Lamine. Il a toujours évolué à son ombre, dans les moments de bonheur comme de malheur. Leurs relations étaient tellement fusionnelles que leurs deux familles biologiques avaient fini par n’en constituer une. Comme disait, l’autre, Sidy et Camou, ce sont deux personnes réunies en une seule. Et les signes divins ne manquent pas. C’est en pleine préparation du premier anniversaire commémorant la disparition de son fidèle compagnon, Sidy Lamine, que Camou est tombé malade. Et c’est une dizaine de jours plus tard qu’il rendit l’âme. C’est ce que l’on appelle une fidélité jusque dans l’au-delà.
Piété. Le défunt Directeur de publication de WalfQuotidien ne badinait pas avec la prière. Les cinq prières de la journée, il eut toujours préféré les effectuer en assemblée, à la mosquée. Les fidèles des mosquées voisines du siège de Walf sauront le reconnaître entre mille. A plusieurs reprises, Camou a quitté une réunion qui tirait en longueur pour s’acquitter d’une prière.
Magnanime. Il aimait le masla. Non pas par faiblesse coupable mais parce qu’il ne voulait pas ou ne pouvait pas faire mal. Les incartades de ses subordonnés, il les «gérait» avec tact et diplomatie. Je puis témoigner que, à maintes reprises, il s’est chargé, lui-même, de parler avec un collaborateur qui était en conflit avec la norme de travail. «Boy, attends, je vais lui parler». Et nous, ses proches collaborateurs, on savait la suite : «Je lui ai parlé. Mais, il m’a expliqué que…» Et c’est parti pour une «amnistie». Il ne pouvait sanctionner négativement un collaborateur. Positivement, oui. Mbagnick Ngom, Seyni Diop, Abdou Rahmane Mbengue, Georges Nesta Diop, Nicolas Sonko, Daouda Diop etc. en sommes les illustrations vivantes. Il pouvait aider un collaborateur méritant à gravir les paliers pour aller plus haut mais n’assistait jamais à sa chute.
Camou était, en un mot, un homme bon, un humain, au sens premier du terme. C’était un gentleman, un «gentle grand», comme me le disait Pape Sène, un ancien employé de Walf. Puisse Dieu l’accueillir dans le plus délicieux des paradis, veiller sur sa famille (biologique et professionnelle) et lui réserver une place de choix dans la proximité des Elus de la Félicité.
Puisse Le Haut aider ses collaborateurs à maintenir incandescente la flamme que, il y a des décennies, lui, Sidy Lamine, Tidiane Kassé, Jean Meissa, Mademba Ndiaye, Ousseynou Guèye, Seydou Sall, Abou Abel Thiam et tant d’autres ont allumée et attisée.


Ibrahima ANNE

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