LE VIOL ET LA PÉDOPHILIE DEVIENNENT DES CRIMES
Le cadeau de nouvel an de Macky aux femmes et aux mineur(e)s
Le nouvel an s’annonce sous d’heureux auspices pour les femmes et les mineur(e)s au Sénégal. Ils viennent de bénéficier d’une bien meilleure protection avec le vote ce lundi à l’Assemblée nationale de la loi criminalisant désormais les actes de viol et de pédophilie.
Férus de la chair fraiche et désaxés sexuels sont avertis. Désormais tout acte de viol ou de pédophilie établi sera l’objet de lourdes sanctions pénales, et ceci sans possibilité de remise de peine. L’Assemblée nationale a voté ce lundi à l’unanimité et par acclamation le projet de loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie. D’après l’Agence de presse sénégalaise qui le constate, ce projet de loi avait d’abord été adopté en Conseil des ministres le 27 novembre dernier. Il s’agit d’une loi modifiant celle du 21 juillet 1965, portant sur le Code pénal, relative notamment aux chapitres visant à durcir la répression du viol et de la pédophilie avec des peines pouvant aller jusqu’à la réclusion criminelle à perpétuité. Jusque-là, le viol était considéré comme un délit, passible de cinq à dix ans de prison, rappelle la source médiatique. Laquelle souligne que la criminalisation du viol était une demande des associations de défense des droits des femmes à la suite d’une série d’agressions sexuelles relevée ces derniers mois.
En mai dernier par exemple, le corps sans vie de Bineta CAMARA, 23 ans, a été retrouvé à son domicile de Tambacounda. La jeune femme avait péri lors d’une tentative de viol. A l’instar de Bineta, 9245 cas de violences faites aux femmes et aux filles, dont 1206 portant sur des viols ont été enregistrés, de janvier à octobre 2019, dans les boutiques de droit implantées à la Médina, Pikine, Thiès, Kaolack, Ziguinchor et Sédhiou par l’Association des juristes sénégalaises (AJS).
Au lendemain donc de ce drame à Tambacounda, une manifestation avait rassemblé à Dakar 300 personnes pour dire «stop aux violences faites aux femmes». Le président Macky SALL avait alors demandé au ministre de la Justice de préparer un projet de loi criminalisant le viol et la pédophilie.
Les députés disent ‘’Non’’ à une remise de peine
Le projet de loi criminalisant les actes de viol et de pédophilie prévoit un durcissement des condamnations, lesquelles pourront aller jusqu’à l’emprisonnement à perpétuité à l’encontre d’éventuels coupables, a expliqué, vendredi 27 décembre dernier à Dakar, le ministre de la Justice, Malick SALL. «Ce projet de loi a prévu de renforcer les sanctions. Il a décidé de criminaliser les viols et la pédophilie. Cela signifie que certains auteurs de ces actes horribles pourront être condamnés à perpétuité», a dit le Garde des Sceaux à un atelier consacré audit projet de loi avec le Collectif des femmes parlementaires. «Cela signifie que vous resterez enfermé dans une prison toute votre vie. Nous pensons qu’une perspective pareille serait de nature à faire réfléchir les gens dotés d’un esprit de discernement avant de commettre de tels actes», a ajouté Me SALL.
La loi sur la criminalisation du viol et de la pédophilie devrait permettre au Sénégal de garantir aux femmes et aux enfants «une plus grande protection», a salué la présidente du Collectif des femmes parlementaires, Awa GUÈYE. La député de la majorité a donc plaidé pour une application effective de cette loi, qui espère-t-elle ne sera pas une de plus.
Admettant pour sa part que «le viol porte atteinte à la vie de l’être humain», député Mamadou Diop Decroix a émis la possibilité pour les éventuels coupables de ces crimes de pouvoir bénéficier d’une remise de peine. Mais l’Assemblée a purement rejeté son amendement. «Nous devons tous veiller à l’application de cette loi», a plaidé le président de l’Assemblée nationale, Moustapha Niass sous les regards des responsables des associations de lutte contre les violences faites aux femmes qui avaient pris place dans les box réservés au public, rapporte l’Agence.
Le vœu de Directrice exécutive de ONU Femmes exaucé
En se faisant une loi criminalisant désormais le viol et la pédophilie, le Sénégal exauce un vœu pieux de la Directrice exécutive de ONU Femmes, Phumzile Mlambo-Ngcuka. «Si je pouvais faire exaucer un vœu, ce serait de supprimer totalement le viol, ce coût intolérable pour la société (…) Le viol n’est pas un acte éphémère isolé. Il meurtrit la chair et reste gravé dans la mémoire. Il peut avoir des conséquences non choisies qui changent la vie – une grossesse ou la transmission d’une maladie. Ses effets dévastateurs et durables s’étendent à de nombreuses personnes : la famille, les amis, les partenaires et les collègues (…) Dans la grande majorité des pays, les adolescentes sont les plus exposées au risque de violence sexuelle de la part de leur mari, partenaire ou petit ami, actuel ou ancien (…) Nous savons que des millions de femmes et de filles ne sont pas en sécurité chez elles (…) De manière quasi-universelle, la plupart des auteurs de viols ne sont pas dénoncés ou restent impunis», a-t-elle déclaré lors de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes, le 25 novembre dernier.
Abdoulaye SIDY
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