DR IBRA NDOYE REMPLACE PAR DR SAFIETOU
THIAM A LA TÊTE DU SECRETARIAT EXECUTIF DU CNLS
«Je
suis un professeur comblé»
Contrairement
aux réactions virulentes qu’on a l’habitude d’enregistrer au Sénégal après une
décision adminsitrative mettant fin à une fonction, l’arrêté nommant Dr Safiétou
Thiam à la tête du secrétariat exécutif du Cnls en remplacement de Dr Ibra
Ndoye est loin de tétaniser ce médecin spécialiste en gynécologie et maladies
infectieuses. Dr Ndoye se dit comblé d’autant que son successeur fut son élève
à qui, il souhaite de meilleurs résultats.
Assurément, Dr Ibra Ndoye n’est plus à
la tête du secrétariat exécutif du Conseil national de lutte contre le Sida
(Cnls), mais il quitte cette institution, après 13 ans de service, la tête
haute. Il a reçu, ce jeudi, le Prix Pauline Muhuhu du leadership de l’Ong
internationale Intrahealth pour «être un individu avec des qualités
reconnues en termes de leadership, faisant preuve de courage, d’intégrité, de
cohérence et d’humilité», mais aussi «une
personne ayant fait preuve de sa capacité à influencer les décisions prises à
l’échelle locale et nationale», entre autres.
Ce fut donc une occasion pour ce
médecin spécialisé en gynécologie et maladies infectieuses qui a passé plus de
30 ans dans la lutte contre le Vih d’exprimer ses sentiments après son départ
du secrétariat exécutif du Cnls en remplacemnt de Dr Safiétou Thiam. «Je suis, aujourd’hui, un professeur comblé,
(...) Parce que j’ai mes deux élèves qui gèrent les deux structures qui doivent
faire que le Sénégal renforce les succès d’hier : La Division Sida du
ministère de la Santé (Ndlr :
Dr Abdoulaye Wade) et le Secrétariat
exécutif du Cnls (Ndlr : Dr
Safiétou Thiam)», a déclaré Dr Ndoye. Ce dernier a occupé le poste de
coordonnateur du programme national de lutte contre le sida avant d’être nommé
secrétaire exécutif du Cnls depuis sa création, soit environ 13 ans.
Auparavant, il a débuté son expérience dans ce domaine avec la prévention et la
prise en charge des Ist et le suivi des travailleuses du sexe. Dr Ndoye a par
la suite piloté le comité national de lutte contre le sida vers les années
1985, 4 ans après la découverte du 1er cas de sida dans le
monde.
En tous cas, dira-t-il, le Pr Awa
Marie Coll-Seck, le Pr Souleymane Mboup et moi-même, «nous nous voyons depuis un an et nous avons pris le pacte que nous ne
laisserons pas seuls les jeunes, que nous les accompagnerons». Dr Ndoye dit
être convaincu de ce que le mérite d’un maître reste de voir ses successeurs
faire plus que lui. «Nous ne voulons pas
après qu’il y ait le déluge. Nous sommes contre cela», a-t-il indiqué en
recevant son prix qu’il dédie au trépied : Souleymane Mboup, Awa Marie
Coll-Seck et lui-même.
«Je
pense qu’il est important en ce moment de rappeller que si nous s’y sommes
arrivés
(Ndlr : à maintenir la
prévalence générale du Vih/Sida à moins de 1%) et que le Sénégal soit cité en exemple, que ce sont des jeunes médecins
qui, à l’époque, sont partis sensibiliser l’ancien président de la République
Abdou Diouf. Et ces médecins ont été bien reçus et ont eu une écoute très
attentive de ce président qui a été le premier président à ne pas opposer de
dénie à l’Afrique sur le Vih/Sida et cela nous a beaucoup facilité la tache. Je
pense qu’il rendre hommage à ce président».
Dr Ibra Ndoaye a, également, rendu un
hommage au président Abdoulaye Wade qui, aussi, «avec notre appel», a pu rendre gratuit le traitement
antirétroviral au Sénégal. Selon lui, il y a actuellement 14 mille personnes
qui vivent avec le virus du Sida, mais qui reçoivent de façon gratuite le
traitement antirétroviral qui est un traitement qu’on doit prendre toute la
vie. Le président Macky Sall n’est pas en reste, lui qui, selon Dr Ndoye, a pu
rendre pérenne avec son leadership quand il a été Premier minitre, le siège du
Cnls.
La
leçon d’humilité de Dr Ndoye
Si le Sénégal est distingué parmi les
autres pays dans la lutte contre le sida, c’est parce que les acteurs ont été
animés de certaines qualités. Des qualités qu’il faut inculquer aux plus jeunes,
selon Dr Ibra Ndoye. D’après ce dernier pour qui, «trente ans d’expérience, ce n’est pas deux jours», il y a de
bonnes habitudes que toute personne doit apprendre et entreprendre pour faire
des résultats. «Quand on se bat pour un
problème de santé, il faut y croire d’abord. Croire en ses capacités, mais
aussi avoir une volonté professionnelle. Mais mieux, il faut de l’humilité»,
a conseillé l’ancien Secrétaire exécutif du Cnls. Et d’ajouter : «Si nous devons réussir surtout dans une
maladie comme le sida, il ne faut pas s’auto-satisfaire, cela nous est souvent
arrivé, mais nous nous sommes dit qu’il ne faut jamais triompher avec une telle
maladie. Il faut publier les victoires et avancer et c’est ce que nous
demandons aux jeunes».
Selon lui, si on doit citer des pays
qui ont fait des résultats sur le Sida dans le monde, pays en développement ou
à revenus moyens, il y a le Brésil en Amérique latine, la Thaïlande en Asie, le
Sénégal et l’Ouganda en Afrique. Il rappelle que ces deux pays africains ont
réçu les deux premiers Prix de l’Excellence de la lutte contre le sida en 1997.
«Tous ces pays ont eu des hauts et des
bas, mais le Sénégal, de façon continue, a pu avoir des succès durables»
a-t-il soutenu.
Abdoulaye
SIDY
LUTTE CONTRE LE SIDA ET SANTE
REPRODUCTIVE
De
la nécessité de marier les deux programmes pour un succès contre le Sida
Ce n’est nullement le fruit du hasard
si les acteurs de lutte contre le sida se sont battus dans les programmes de
santé de la reproduction, pour que le deuxième point de la stratégie de la
santé reproductive soit la lutte contre les maladies sexuelles. Dr Ibra Ndoye
en est plus que convaincu, lui qui préconise le mariage des programmes de lutte
contre le sida avec les programmes de santé reproductive. «Nous qui nous occupons du sida et ceux qui s’occupent de la santé de
la reproduction, nous nous trouvons aujourd’hui ensemble. Si nous voulons
éliminer la transmission du virus du sida de la mère à l’enfant en Afrique, les
deux programmes doivent se marier», a-t-il suggéré ce jeudi à Dakar lors de
la remise de son Prix d’Excellence par l’Ong internationale Intrahealth. «Dans ma carrière, je me rappelle en 1978 quand on m’a nommé Directeur
des maladies sexuellement transmissibles au ministère de la Santé, mon premier
combat a été, quand j’ai été à Washington et à Baltimor où je me suis rendu
compte qu’il y avait des cliniques de planning familial abritant des
laboratoires de maladies sexuelles, de faire en sorte que la Planification
familiale (Pf) quitte le ministère du
Développement social». En effet, jusqu’en 1980, la Pf était gérée par ce département
ministériel et pour Dr Ndoye, c’était dans un contexte qui arrangeait pas du
tout les acteurs de lutte contre cette pandémie.
A son avis, le défi aujourd’hui au
Sénégal est d’appliquer les évidences, faire comme les Etats-unis et la France
pour que ceux qui sont séropositifs arrivent à se faire traiter au Sénégal. «Quand vous traitez très tôt les personnes
vivant avec le Vih, vous pouvez réduire de 96% le risque de transmission dans
les couples discordants. Et si on le réussit, on réglera le problème du Vih en
Afrique», a déclaré Dr Ibra Ndoye.
Abdoulaye
SIDY
SOURCES DE FINANCEMENTS DU SIDA AU
SENEGAL
L’Usaid
met deux milliards Fcfa chaque année
On parle beaucoup du Fonds mondial et
peu ou presque jamais d’elle dans le cadre du financement des programmes de
lutte contre le Sida au Sénégal, et pourtant, l’Agence des Etats-unis pour le
Développement international (Usaid) fait partie des bailleurs les plus
réguliers en terme de décaissement. «Depuis
bien avant 1983 déjà, il y a pas une année où l’Usaid n’a pas mis 2 milliards
Fcfa sur le programme de lutte contre le Sida et cela, de façon continue. On en
parle pas souvent», a déclaré ce jeudi à Dakar Dr Ibra Ndoye recevant le
Prix Pauline Muhuhu pour son leadership dans la lutte contre le sida. C’est
ainsi qu’il a profité de la cérémonie de distinction pour rendre un vibrant
hommage à ce partenaire technique et financier (Ptf) du Sénégal, et tous les
autres.
Commentaires
Enregistrer un commentaire