SENEGAL
Les
morsures de chiens font rage
La
race fait des victimes au Sénégal. Des données non-exhaustives indiquent cinq personnes qui en sont mortes ces cinq dernières années. Durant cette intervalle de temps, les autorités sanitaires ont pu noter près de 400 cas de
morsures ou d’exposition à cette maladie qui tue un enfant toutes les 30
minutes dans le monde.
De 2009 à 2013, près de 400 victimes
de morsures ou d’exposition à la rage sont enregistrées au Sénégal dont 5 cas avérés,
a alerté hier Dr Fatou Ndiaye Badiane, Point focal de la rage au ministère de
la Santé et de l’Action sociale. Mais ces données sont loin d’être exhaustives
si l’on en croit Dr Badiane qui a déploré l’absence au Sénégal de statistiques
fiables sur la morbidité et la mortalité de cette infection qui entraîne la
mort d’un enfant toutes les trente minutes dans le monde. «C’est une maladie que les populations ne connaissent pas en générale.
Dans la majeur partie des cas, les gens ne fréquentent pas les structures de
santé ; et devant les victimes, les populations partent voir les guérisseurs, plus grave, quand les signes de la maladie sont là, les
populations préfèrent garder le malade mourir à la maison. Tout cela fait qu’on
a peu de données sur la rage», relève Dr Badiane dont la présentation hier
au Service national de l’éducation et de l’information pour la santé (Sneips)
portait sur la rage qui est une des maladies tropicales négligées (Mtn) et
considérée depuis 2008 par les autorités sanitaires du pays comme une maladie
d’importance en santé publique. Elle a, par ailleurs, déploré que les autres
Mtn puissent bénéficier de la gratuité du traitement préventif de masse excepté
la rage.
Un
chien domestique, un carnet de vaccination
A l’en croire, la lutte contre la rage
passe par des actions multisectorielles impliquant la Santé, l’Elevage,
l’Education nationale, les Collectivités locales ainsi que l’Intérieur. La
Santé devant s’occuper du volet de la prise en charge médicale ; le
ministère de l’Elevage devant assurer la vaccination des chiens domestiques et
semi-domestiques. Ce volet est d’autant plus important que ce sont les chiens
non vaccinés qui constituent un risque d’exposition à la rage pour les propriétaires
que pour les populations. «Si on veut
être efficace en santé publique, il faut s’attaquer aux chiens non vaccinés et aux
chiens errants. Ce sont ces chiens qui causent la maladie dans plus de 95% des
cas», avertit Dr Fatou Ndiaye Badiane. Et ce n’est malheureusement pas
tout, puisque d’autres animaux domestiques ou semi-domestiques peuvent
constituer un réservoir du virus de la rage à la morsure d’un chien enragé.
C’est le cas du chat, de l’âne, du cheval, du singe...
La sécurité des personnes relevant des
prérogatives du ministère de l’Intérieur, le rôle de ce département reste
indéniablement d’éviter que des personnes élèvent des animaux dangereux dans
les maisons. «Il existe des races de
chiens qui ne sont pas autorisées à être gardées dans les maisons en Europe,
mais que l’on retrouve au Sénégal et qui représentent un risque énorme de
transmission du virus de la rage, en cas de contamination. Il y a qu’aussi,
conformément au calendrier de vaccination, les propriétaires de chiens ont
l’obligation de vacciner correctement leurs animaux. Il n’est pas normal qu’on
décide de garder un chien chez soi et de ne pas lui assurer sa vaccination»,
clame Dr Badiane, Point focal de la Rage au ministère de la Santé et de
l’Action sociale.
Dans ce combat contre l’errance des chiens
ou des chiens domiciliés mais non-vaccinés, poursuit-elle, les collectivités
locales doivent faire l’effort de capturer tous ces individus et les mettre
dans une fourrières adaptées, tel que c’est recommandé par l’Oms. Ces mesures
préventives éviteront aux enfants d’être les les premières victimes des cas de
morsures de chiens, souligne Dr Badiane pour qui, également, les enfants
doivent à l’école être sensibilisés sur la maladie.
Abdoulaye SIDY
Wal Fadjri
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