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SÉNÉGAL : LES MILLIARDS DU PROGRAMME D’AIDE ALIMENTAIRE D’URGENCE INTROUVABLES

Pour rendre possible le slogan ‘’Restez chez vous’’, le chef de l’Etat avait décidé, depuis le 23 mars dernier, de donner des vivres aux populations impactées par les mesures restrictives liées à la lutte contre la pandémie de Covid-19. 69 milliards F CFA avaient alors été annoncés pour cela. Mais depuis lors, alors même que le ‘’Restez chez vous’’ n’est plus d’actualité, certaines populations n’ont toujours pas senti l’odeur du riz et de l’huile.

Récemment, dans une tribune incendiaire, le journaliste Madiambal Diagne constatait, entre autres, l’incapacité, pour le ministère en charge du Développement communautaire, d’acheter et de transporter des vivres. Plus de deux mois après l’annonce du fonds Force-Covid-19, près de deux mois après le lancement de la distribution de l’aide alimentaire, certains bénéficiaires attendent toujours leur part. C’est le cas dans nombre de communes de la région de Dakar où la plupart des municipalités n’ont même pas encore démarré les opérations de distribution.

Ecole Chérif 1, dans la commune de Rufisque-Nord. En ce dimanche 7 juin 2020, vers les coups de 15 h, autorités locales et administratives s’activent au déchargement des cargaisons de sucre. Ici, l’heure n’est toujours pas à l’acheminement des vivres vers les populations. Il faudra encore attendre, reconnaissent les responsables. Premier adjoint au maire de Rufisque-Nord, Abdou Ndiaye explique : ‘’Nous attendons encore le savon et la pâte alimentaire. Pour le moment, nous avons le riz, l’huile et maintenant le sucre que nous sommes en train de recevoir. Tant que le kit n’est pas complet, on ne peut pas entamer la distribution.’’

Dans cette commune, la plus peuplée de la vieille ville, le ciblage a été bouclé. Au total, 6 247 ménages ont été retenus pour profiter de cette aide accordée par l’Etat à la population, dans le cadre de la lutte contre la pandémie. Interpellé sur les lenteurs, l’adjoint au maire rejette toute responsabilité. Il déclare : ‘’En fait, nous attendons le ministère pour le reste des produits. Quand ils auront fini, ils appelleront le préfet qui nous saisit pour le convoyage vers les sites. C’est comme ça que ça se passe.’’

La situation est à peu près similaire dans presque tout le département. A l’exception des communes de Yenne, Sangalkam et Bargny qui ont terminé la distribution. Le préfet Ababacar Kane précise : ‘’Toutes ces communes ont terminé la distribution. Pour ce qui est des communes de la ville, elles n’ont pas encore tout reçu. Depuis hier, on est en train de réceptionner le sucre et dans la semaine, le reste sera là et on pourra démarrer.’’

‘’ Dès la semaine prochaine, on commence la distribution’’

A l’instar de Rufisque, les collectivités de la ville de Dakar également peinent à démarrer les opérations de distribution de l’aide alimentaire. Le sous-préfet de Dakar-Plateau, Monsieur Djibril Diallo, tente de rassurer : ‘’Nous sommes en train de mettre en place les derniers réglages. Tous les éléments du kit sont en train de venir. Il y a déjà le riz, l’huile, la pâte alimentaire, le savon… Il y a presque tout. Même à la Médina, qui est la commune la plus populaire, il ne reste plus que quelques camions de pâtes à réceptionner. Dès la semaine prochaine, on commence la distribution.’’

La même situation prévaut dans les communes de Fann-Point E-Amitié, Fass-Colobane-Gueule Tapée, Plateau et Gorée, selon le sous-préfet Djibril Diallo. Son combat, tout mettre en œuvre pour que la marchandise arrive aux véritables ayants droits. ‘’Les opérations, soutient-il, se passent très bien, dans la plus grande transparence. Ça ne sert à rien de courir et de ne pas donner les vivres aux véritables ayants droit. Cette aide ne doit pas aller aux fonctionnaires ou aux gens nantis’’, tient-il à souligner. Il ajoute : ‘’Dans mon dispositif, j’ai demandé à tous les maires de respecter les termes de référence. Que la politique soit exclue du processus ; que les ayants droit puissent en bénéficier ; qu’il n’y ait aucune magouille, aucun trafic d’influence, aucune mainmise politique. J’ai demandé que la commission travaille dans la neutralité, dans l’impartialité et dans la légalité.’’

Pour réussir le pari de la transparence, Djibril Diallo a misé sur la neutralité des sous-comités de ciblage, composés des délégués de quartier, imams, ‘’bàjenu gox’’ et des jeunes. Ensuite, les communes vont se charger de la vérification, avant que l’autorité administrative qu’il incarne n’entre en action en dernier ressort. ‘’Je ne veux pas de la politique dans ces distributions. Je ne veux pas non plus d’histoires d’amitié ou de parenté. Notre souci est donc de minimiser les contestations’’, répète-t-il.

Sur les retards, il rappelle que c’est parce que l’Etat avait privilégié les régions périphériques où il pleut très tôt et où il est difficile d’accès pendant l’hivernage. Dakar, qui est le dernier maillon, est en train de commencer. Aujourd’hui que le confinement n’est plus d’actualité, toutes les énergies, selon le sous-préfet de Dakar-Plateau, devraient être orientées vers la lutte contre la pandémie, la sensibilisation des populations par rapport aux mesures barrières. ‘’Je regrette juste qu’on parle plus de ces aliments que du coronavirus’’, se désole le sous-préfet Diallo.

Constituée de cinq communes, l’arrondissement de Dakar-Plateau est ainsi presque fin prête pour la distribution. Pour Gorée, Plateau et Médina, le nombre de ménages ciblés est respectivement estimé à 108, 3 065 et 9 015 ménages. Gueule Tapée Fass-Colobane et Fann-Point E-Amitié comptent, quant à elles, 5 315 et 1 653 ménages bénéficiaires.

avec Journal EnQuête

 

AMADOU KANAR DIOP, CONSEILLER TECHNIQUE MINISTÈRE DU DÉVELOPPEMENT COMMUNAUTAIRE : « LES OPÉRATIONS VONT ETRE CLÔTURÉES DANS 10 JOURS, AU MAXIMUM »

Conseiller technique au ministère du Développement communautaire, Amadou Kanar Diop renseigne sur le niveau d’exécution du programme d’assistance alimentaire à travers le territoire national.

Où en êtes-vous avec la distribution de l’aide alimentaire ?

Nous avons fini Kédougou et Sédhiou. Pour Kolda et Ziguinchor, ce sera en milieu de semaine prochaine. Pour Tambacounda, Kaffrine et Saint-Louis, nous sommes à peu près à 50 %. Matam à presque 60 %. En fait, il faut savoir que nous avons privilégié les régions les plus éloignées où l’hivernage commence assez tôt. Il faut aussi noter que les régions où il y a l’insécurité alimentaire et des risques de malnutrition ont été priorisées. C’est pourquoi elles sont très en avance par rapport à Dakar. Dans la capitale, c’est aussi selon le dynamisme des communes. Par exemple, Yenne (département de Rufisque) a terminé, Pikine Guinaw Rails également. Cambérène est presque à 60 %. Il y en a d’autres qui ont achevé ou en voie de l’être. Nous allons tout terminer, maximum dans 10 jours.

Mais les opérations ont quand même été lancées, il y a près de deux mois. A quoi est dû ce retard ?

On ne peut pas parler de retard. Quand on parlait de délais, c’était juste pour le démarrage. On ne pouvait parler de délais de clôture. Nous étions en situation d’urgence. Le programme a été élaboré en situation de crise. Il faut aussi savoir que les mécanismes de solidarité communautaire ont été là pour suppléer le dispositif de l’Etat. Les collectivités locales, les bonnes volontés ainsi que les ONG, toutes ces entités se sont mobilisées pour soutenir les nécessiteux. L’appui de l’Etat arrive donc au bon moment. C’est tout à fait normal que le président de la République demande d’aller plus vite. Mais nous y sommes et terminerons bientôt. 

Quelles sont les étapes qui vous ont le plus causé de difficultés ?

Il faut savoir qu’il y avait plusieurs phases. D’abord, l’identification des bénéficiaires. A qui on donne l’aide ? Cela a pris un peu de temps. Il y a eu ensuite les phases acquisition, acheminement de l’aide dans les régions jusqu’aux sites de distribution... Ce qui a pris pas mal de temps. D’autant plus qu’il y avait une multitude d’intervenants avec des gens qui faisaient la gratuité et ceux qui ne le faisaient pas. Le plus important est de savoir que nous allons bientôt terminer toute la procédure et on a tout fait pour que tout se passe dans les règles de l’art. Ce qui fait qu’on a très peu de réclamations. Aux dernières nouvelles, on a reçu à peu près 56 réclamations.

Avec Journal EnQuête 

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