SOLUTION A LA MENDICITE DES ENFANTS TALIBES
Des acteurs
prônent la fermeture pure et simple des daras
incriminés
La
journée du talibé a été célébrée hier par les acteurs œuvrant pour
l’élimination de la mendicité et l’exploitation des enfants au Sénégal.
Lesquels suggèrent la fermeture pure et simple des daras qui seraient en marge de la loi interdisant la mendicité des
enfants. Les communes de Médina, Gueule tapé-Fass-Colobane acquiescent, pendant
que des marabouts apportent quelques amendements à cette proposition.
Dans la perspective d’éradiquer la mendicité au
Sénégal, des organisations partenaires de l’Etat du Sénégal proposent la méthode
forte : «fermeture pure et simple des
daras où les enfants sont exploités et torturés», rapporte Abdoulaye Diallo
responsable du plaidoyer à Save the
Children, précisant qu’en revanche certains daras seront réfectionnés en
vue de leur modernisation. M. Diallo était le porte-parole de la rencontre
stratégique des acteurs nationaux et internationaux œuvrant pour l’élimination
de la mendicité et l’exploitation des enfants au Sénégal, les 11, 12 et 13
avril derniers à Dakar. Selon lui, la mesure d’accompagnement de cette option,
qui sera proposée à l’Etat et les Collectivités locales, sera de moderniser ces
daras fermés en y incluant d’autres
enseignements comme le français et l’anglais, l’informatique et les sciences et
techniques. Ce qui permettra aux enfants au sortir de ces daras de pouvoir faire face avec succès au monde du travail de plus
en plus compétitif. «L’enseignement
coranique est essentiel dans nos sociétés actuelles ; certes, des leaders,
des entrepreneurs, des scientifiques, des diplomates etc, sont sortis des
daras, mais des groupes de personnes utilisent ce type d’apprentissage à des
fins personnel. Car, à côté de ces valeurs exemplaires, il y des enfants qui
font 7 ans dans un dara sans pouvoir lire
tout le Coran parce qu’ils passent plus de temps à quémander», soutient M.
Diallo.
Selon la Cellule de lutte contre la
maltraitance des enfants, une étude réalisée en 2014 révèle l’existence de 30 mille enfants en
situation de mendicité et d’exploitation forcée sur l’effectif total de 50 mille
enfants présents dans 1006 écoles coraniques répertoriées dans la région de
Dakar. Dans ce lot d’enfants exploités figurent ceux en provenance de la sous
région ouest africaine qui représentent 7% des effectifs.
Medina,
Gueule tapée-Fass-Colobane donnent le ton
Le travail d’implémentation de cette option a
commencé dans l’espace communal de la Médina grâce à la collaboration avec le
maire Bamba Fall qui a pris un arrêté interdisant la mendicité des enfants dans
les rues de la commune. Une information confirmée par Moussa Ndoye, Coordonnateur
du projet Usaid contre la maltraitance des enfants dans les communes de Gueule
tapée-Fass-Colobane et de Médina. Selon lui, cet arrêté municipal est la fin
d’un processus qui a débuté depuis 2 ans et qui a obtenu l’adhésion des
populations locales. Un dispositif de suivi de cet arrêté du conseil municipal
est mis en place pour mesurer son impact. Il ajoute que Fass-Gueule
tapé-Colobane s’est inscrit dans cette même dynamique et pour le moment la
mendicité est en train d’être éradiquée à presque 60% dans les deux espaces
communaux.
Amendements
des religieux
Secrétaire général de la Fédération nationale
des associations d’écoles coraniques du Sénégal, Adama Seck ne voit pas
d’inconvénient à cette proposition de fermer les daras incriminés. Il demande, toutefois, de faire attention à ne
pas mettre tout le monde dans le même sac à ordure. Car, pour lui, il existe un
lien historique entre le dara et la
mendicité. Cela dit, le religieux est d’avis qu’il faut sanctionner ceux qui
prétendent tenir des daras en
transportant des enfants parfois d’un pays à un autre pour les soumettre aux pires
formes d’exploitation économique et parfois même sexuelle. «Ceux-là agissent contre l’Islam», martèle le marabout. «On ne voit presque jamais d’enfants talibés
des rues participer aux concours de récital du Coran et de culture générale sur
l’Islam et la vie du Prophète (Psl). Seuls les enfants qui ne mendient pas concourent
et remportent les meilleurs prix. Cela veut dire que la mendicité a changé de
camp», analyse M. Seck. Il sollicite l’assistance de l’Etat et des Ong(s)
et de la société civile pour aider les véritables daras à supporter les charges inhérentes à l’apprentissage, le plus
souvent gratuit, des enfants. A l’en croire, la Fédération a mis en place des
coopératives agricoles et d’habitat pour soutenir les maîtres à avoir au moins
un lieu d’apprentissage fixe et des moyens de subsistance.
Abdoulaye
SIDY
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