Accéder au contenu principal

Lutte contre la corruption et le crime organisé dans le Sahel


La Déclaration de Saly 


Du 24 au 27 novembre 2014, des journalistes d’investigation de 14 pays d'Afrique de l'Ouest et du Centre, ainsi que des journalistes de l’Amérique Latine et de l’Europe, se sont réunis à Saly, au Sénégal, lors d’un atelier régional sur l’enquête et le rapportage de la corruption et le crime organisé dans le Sahel.

Soutenu par l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en partenariat avec l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture (UNESCO), l'Institut Panos Afrique de l'Ouest (IPAO), le Réseau Africain de Centres d’Investigation et de Rapportage (ANCIR) et le Projet pour le rapportage du crime organisé et la corruption (OCCRP), l’atelier avait pour but de (1) sensibiliser les journalistes de la région sur les effets désastreux de la corruption et du trafic illicite sur le développement humain et la sécurité humaine; (2) partager les connaissances et les expériences entre les participants sur les techniques d'enquête pour exposer des actes de corruption et de trafic illicite; (3) examiner les possibilités de réseaux de collaboration entre les journalistes d'investigation provenant d’Afrique de l'Ouest et du Centre, d’Amérique Latine et d’Europe.

Conscients  de l’ampleur de la corruption et du crime organisé dans la région du Sahel, dont les effets néfastes affectent le développement et la sécurité;
Conscients de l’impunité persistante face à ces crimes et le manque d’action satisfaisante des institutions chargées de lutter contre ces phénomènes;
Conscients des menaces en termes de poursuites pénales et d’insécurité physique qui pèsent sur les journalistes d’investigation dans l’exercice de leur travail au sein de la région;
Prenant acte de la mise en place du Réseau Africain de Centres d’Investigation et de Rapportage (ANCIR) au courant de l’année 2014 ;
Rappelant l’Article 13 de la Convention des Nations Unies contre la corruption qui prévoit que « Chaque État Partie prend des mesures appropriées pour favoriser la participation active de personnes et de groupes n’appartenant pas au secteur public […] Cette participation devrait être renforcée par des mesures consistant à respecter, promouvoir et protéger la liberté de rechercher, de recevoir, de publier et de diffuser des informations concernant la corruption. » ;
Rappelant l’Article 5 de la Convention de l’Union Africaine par laquelle les Etats parties s’engagent à « adopter les mesures législatives et autres pour protéger les informateurs, et les témoins dans les cas de corruption et d’infractions assimilées, y compris leur identité » et à « adopter des mesures afin d’assurer que les citoyens signalent les cas de corruption, sans craindre éventuellement des représailles » ;
Rappelant les principes directeurs de l’UNESCO sur le droit d’accès à l’information adoptés en 2004 à Paris;

Les participants à l’atelier :
1.    Encouragent les journalistes et les médias de la région à pratiquer davantage d’investigation et d’aller au-delà de simples révélations;
2.    Encouragent les journalistes et les médias de la région à mettre en place des structures locales à cette fin;
3.    Encouragent les journalistes et les médias à utiliser les nouvelles technologies pour se mettre en réseau au sein et au-delà de la région et développer une base de données d’articles de presse concernant la corruption et le crime organisé ;
4.    Encouragent les journalistes et les médias à mettre en place des plateformes permettant aux citoyens de dénoncer les actes de corruption et de crime organisé ;
5.    Invitent les journalistes à toujours faire preuve de discernement et de responsabilité dans la réalisation de leurs investigations;
6.    Recommandent la création d’un Centre de Journalisme d’Investigation pour promouvoir le renforcement de capacités continu des journalistes de la région en la matière;
7.    Encouragent les journalistes d’investigation à renforcer leur collaboration avec les institutions de lutte contre la corruption et la criminalité organisée au sein de la région;
8.    Exhortent leurs gouvernements à promouvoir l’accès à l’information par l’adoption de législation adéquate en la matière ;
9.    Encouragent les gouvernements de la région à prendre les mesures nécessaires pour dépénaliser les délits de presse et assurer la protection physique des journalistes d’investigation;
10. Encouragent les gouvernements à adopter des mesures adéquates, y compris des législations, pour protéger les témoins et les lanceurs d’alerte;
11. Invitent les journalistes de la région à diffuser cette déclaration au sein de leurs publications, leurs organismes et leurs réseaux respectifs;
12. Expriment leurs remerciements aux organisateurs de la rencontre, notamment, l’ONUDC, l’UNESCO, IPAO, ANCIR, OCCRP et les appellent, ainsi que tous les autres partenaires, à continuer leur accompagnement des actions envisagées ci-dessus.


Fait à Saly, le 27 novembre 2014

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

PERCEPTION DES BOURSES A L’UCAD

Le busines des « apprentis coutiers » devant les guichets de paiement Le circuit de paiement des bourses scolaires à l’Ucad est de plus en plus dense. Etudiants, payeurs et vigiles se livrent à un courtage insoupçonné pour se tailler leur part du marché, quand bien même aucune partie ne veut être à l’indexe. Campus universitaire Cheikh Anta Diop de Dakar, au rez-de-chaussée du pavillon D, s’égosillent des groupes d’étudiants aux portillons qui servent de guichets de paiement. Dans une bousculade indescriptible de part et d’autre du bâtiment qui converse avec la mosquée de ce temple du savoir,   la cacophonie brouille le calme observé au lieu de culte. Mais, ici comme ailleurs au pavillon I ou au Camp Jeremy, l’ambiance est identique. La guerre des affiches entre listes officielles et parallèles fait rage aussi : « Paiement Faseg : le 25 mars 2011. Liste ouverte à la 416 A. Nb : ‘’Daw Thiow’’ »  ; « Mardi 22 mars 2011. Lots 1 et 2 rappel ouverts au 303 A. Nb : Kouko Khottiwatt dina
CENTRALE À CHARBON DE SENDOU   Un désastre pour les communautés locales  A la veille de la 5 ème réunion extraordinaire du Conseil des gouverneurs du Groupe de la Banque Africaine de Développement (Bad) ce jeudi 31 octobre à Abidjan, Lumière Synergie pour le Développement (LSD), WoMin African Alliance  et Gender Action, entre autres organisations de la société civile, se font l’écho de l’appel des femmes de Sendou qui demandent à la banque de tenir ses promesses et d’arrêter la centrale à charbon en pleine crise climatique.  Alors que la crise climatique s'aggrave sur le continent africain, le moment est venu pour la BAD d'agir, déclarent, dans un communiqué, Lumière Synergie pour le Développement (LSD), WoMin et Gender Action, faisant écho aux appels des femmes de Bargny. Ces organisations de la société civile appellent la BAD à entamer une consultation communautaire à part entière, particulièrement avec les femmes, à écouter directement leurs points de vue
LA SAGA D’UNE FAMILLE EMBLEMATIQUE Senghor : une naissance, deux versions C’est un véritable jeu de ping-pong entre Djilor et Joal autour de la naissance de Léopold Sédar Senghor. Si à Djilor, on croit dur comme fer que le président-poète y a vu le jour, à Joal, c’est tout le contraire qui est soutenu. Dans ces deux entretiens qui vous sont proposés sous forme de regards croisés, on est allé à la découverte de Diogoye, le père, Gnilane Bakhoum, la mère et des autres ascendants de Senghor. Une histoire jamais racontée par le passé.   DJIBY DIOUF, TABOR DE SENGHOR A DJILOR DJIDIACK Très actif dans l’écotourisme à Djilor, Djibril Diouf, 53 ans, est de la lignée matriarcale de Léopold Sédar Senghor connue sous l’appellation en Sérère de Tabor. Après 17 ans passés en France, il travaille aujourd’hui autour du royaume d’enfance du premier président de la République du Sénégal, Léopold Sédar Senghor.   Le DIOGOYE : Comment vivez-vous la rivalité saine avec  J