Lutte contre la corruption et le crime organisé dans le Sahel
La Déclaration de Saly
Soutenu par l’Office
des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC) en partenariat avec
l'Organisation des Nations Unies pour l'éducation, la science et la culture
(UNESCO), l'Institut Panos Afrique de l'Ouest (IPAO), le Réseau Africain de
Centres d’Investigation et de Rapportage (ANCIR) et le Projet pour le
rapportage du crime organisé et la corruption (OCCRP), l’atelier avait pour but
de (1) sensibiliser les journalistes de la région sur les effets désastreux de
la corruption et du trafic illicite sur le développement humain et la sécurité
humaine; (2) partager les connaissances et les expériences entre les
participants sur les techniques d'enquête pour exposer des actes de corruption
et de trafic illicite; (3) examiner les possibilités de réseaux de
collaboration entre les journalistes d'investigation provenant d’Afrique de
l'Ouest et du Centre, d’Amérique Latine et d’Europe.
Conscients
de l’ampleur de la corruption et du
crime organisé dans la région du Sahel, dont les effets néfastes affectent le
développement et la sécurité;
Conscients de l’impunité persistante
face à ces crimes et le manque d’action satisfaisante des institutions chargées
de lutter contre ces phénomènes;
Conscients
des menaces en termes de poursuites pénales et d’insécurité physique qui
pèsent sur les journalistes d’investigation dans l’exercice de leur travail au
sein de la région;
Prenant
acte de la mise en place du Réseau Africain de Centres d’Investigation et de
Rapportage (ANCIR) au courant de l’année 2014 ;
Rappelant l’Article 13 de la
Convention des Nations Unies contre la corruption qui prévoit que « Chaque
État Partie prend des mesures appropriées pour favoriser la participation
active de personnes et de groupes n’appartenant pas au secteur public […] Cette
participation devrait être renforcée par des mesures consistant à respecter,
promouvoir et protéger la liberté de rechercher, de recevoir, de publier et de
diffuser des informations concernant la corruption. » ;
Rappelant l’Article 5 de la
Convention de l’Union Africaine par laquelle les Etats parties s’engagent à
« adopter les mesures législatives et autres pour protéger les informateurs,
et les témoins dans les cas de corruption et d’infractions assimilées, y
compris leur identité » et à « adopter des mesures afin
d’assurer que les citoyens signalent les cas de corruption, sans craindre
éventuellement des représailles » ;
Rappelant les principes directeurs de l’UNESCO sur le droit d’accès à l’information
adoptés en 2004 à Paris;
Les participants à l’atelier :
1.
Encouragent les journalistes et les médias de la région à pratiquer
davantage d’investigation et d’aller au-delà de simples révélations;
2.
Encouragent les journalistes et
les médias de la région à mettre en place des structures locales à cette fin;
3.
Encouragent les journalistes et les médias à utiliser les nouvelles
technologies pour se mettre en réseau
au sein et au-delà de la région et développer une base de données d’articles de
presse concernant la corruption et le crime organisé ;
4.
Encouragent les journalistes et les médias à mettre en place des
plateformes permettant aux citoyens de dénoncer les actes de corruption et de
crime organisé ;
5.
Invitent les journalistes à toujours faire preuve de discernement
et de responsabilité dans la réalisation de leurs investigations;
6.
Recommandent la création d’un Centre de Journalisme d’Investigation pour
promouvoir le renforcement de capacités continu des journalistes de la région
en la matière;
7.
Encouragent les journalistes d’investigation à renforcer leur
collaboration avec les institutions de lutte contre la corruption et la
criminalité organisée au sein de la région;
8.
Exhortent leurs gouvernements à promouvoir l’accès à l’information
par l’adoption de législation adéquate en la matière ;
9.
Encouragent les gouvernements de la région à prendre les mesures
nécessaires pour dépénaliser les délits de presse et assurer la protection physique
des journalistes d’investigation;
10.
Encouragent les gouvernements à
adopter des mesures adéquates, y compris des législations, pour protéger les
témoins et les lanceurs d’alerte;
11.
Invitent les journalistes de la région à diffuser cette
déclaration au sein de leurs publications, leurs organismes et leurs réseaux
respectifs;
12.
Expriment leurs remerciements aux organisateurs de la rencontre,
notamment, l’ONUDC, l’UNESCO, IPAO, ANCIR, OCCRP et les appellent, ainsi que
tous les autres partenaires, à continuer leur accompagnement des actions
envisagées ci-dessus.
Fait à Saly, le 27 novembre
2014
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